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Intelligence et anxiété : une relation amour-haine

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Nous avons tous en tête l’image typique de l’étudiant brillant, au CV impeccable qui, malgré ses facultés intellectuelles et sa remarquable capacité de réussite scolaire, plonge dans des abysses de stress à chaque fois qu’un examen approche. L’intelligence et l’anxiété, dans cet exemple et dans d’autres, semblent aller de pair.

Cette relation hypothétique entre un niveau intellectuel élevé et l’anxiété a été étudiée et examinée, tant pour son empirisme évident que pour ses implications théoriques et pratiques, à de nombreuses reprises et dans diverses disciplines.

Une étude de l’Université Lakehead au Canada a appuyé ce lien entre une intelligence élevée – des esprits brillants, créatifs et analytiques – et des tendances anxieuses – la peur sociale, l’anticipation, la nervosité et l’inquiétude excessives, entre autres.

Ces corrélations entre inadaptations psychologiques et aptitudes personnelles exceptionnelles ont une longue histoire scientifique. Il y a quelques années, une certaine relation entre la créativité et la prédisposition aux tendances bipolaires a acquis une popularité relative parmi les disciplines qui étudient le cerveau et l’esprit humains.

La prudence doit toutefois guider l’assimilation d’éventuelles relations causales de ce type : il n’est pas vrai que toute personne à fort potentiel créatif ou avec un QI élevé porte sur son dos une sorte d’inadaptation ou de problème psychologique.

Cependant, ce que l’on peut affirmer, c’est qu’il existe une certaine fréquence du stéréotype de la personne dont les comportements et les états internes semblent parfois en décalage avec les capacités d’un esprit plus que privilégié.

Le sujet, déjà intéressant en soi, mérite une étude approfondie en raison de ses implications cliniques, sociales, personnelles et académiques, et la clarification du type de lien entre un trait et un autre.

La science derrière la relation entre l’intelligence et l’anxiété

Il existe un dicton populaire selon lequel l’ignorance peut apporter le bonheur. En inversant ce dicton, on obtient que le contraire de la bêtise – la sagesse – peut devenir synonyme de malheur. L’anxiété, pour sa part, a assez de pouvoir pour infliger ce malheur aux gens.

« L’homme sage se crée plus d’opportunités qu’il n’en trouve. »

-Francis Bacon-

Le fait que les personnes ayant un QI élevé soient plus susceptibles de présenter des épisodes d’anxiété et même d’anxiété chronique et généralisée a conduit à des lignes de recherche pertinentes, visant à élucider pourquoi une personne intelligente peut si souvent éprouver de la frustration, du mal-être et finir par prendre des décisions inappropriées pour son bien-être.

Alors que, dans le domaine académique, on peut voir des étudiants exceptionnels qui font preuve d’une tranquillité et d’un équilibre plus qu’enviables, on peut aussi souvent voir des étudiants qui, malgré leurs capacités intellectuelles :

  • Ont tendance à anticiper négativement les événements.
  • Sont rapidement frustrés par des changements inattendus.
  • Présentent des traits de stress avec une fréquence et une intensité anormalement élevées.
  • Présentent une baisse considérable de leurs performances scolaires.

Ainsi, les comportements ci-dessus peuvent entraver la réussite scolaire et professionnelle et, très probablement, personnelle.

Substance blanche : implications pour l’intelligence et l’anxiété

La substance blanche cérébrale est responsable de la transmission des informations bioélectriques entre les neurones ; pas tant du traitement cérébral de l’information, qui est attribué à la matière grise.

La conduction de l’influx nerveux favorise son efficacité dans la vitesse et dans l’absence de perte de potentiel électrique, toutes deux optimisées au niveau de la substance blanche. On pourrait dire que la substance blanche est responsable de l’efficacité et de l’agilité des processus cognitifs et, par conséquent, de l’intelligence elle-même.

Dans le but d’approfondir l’étude de cette relation entre intelligence et anxiété, les scientifiques responsables de l’étude susmentionnée ont utilisé des techniques de neuroimagerie – et, plus précisément, l’imagerie par résonance magnétique ou IRM – afin de révéler les causes sous-jacentes.

Les résultats ont été aussi surprenants que, presque dans la même mesure, logiques et attendus : les personnes vers lesquelles convergeaient une intelligence élevée et des traits nettement anxieux avaient généralement une densité de matière blanche plus élevée.

« Tandis que les imbéciles décident, les intelligents délibèrent. »

-Plutarque-

Cette densité accrue, en termes statistiques, pourrait expliquer la puissance intellectuelle de ces personnes et, en même temps, leurs tendances à l’anxiété chronique et généralisée, puisque la substance blanche a été liée au contrôle émotionnel.

Neurones cérébraux éclairés

Explication évolutive

Dans le cours évolutif de notre espèce, une partie de la communauté scientifique pense que le développement de l’intelligence et la disposition à éprouver de l’anxiété allaient de pair.

La raison ne pourrait être autre que le fait que, pour améliorer la survie de notre espèce, il pouvait être utile d’optimiser l’analyse et le traitement de l’information pour pouvoir anticiper les dangers.

Ainsi, en développant une plus grande densité de matière blanche, l’intelligence nécessaire à la survie serait favorisée. D’autre part, comme le système nerveux dispose de voies de communication et de transmission d’informations plus rapides et plus efficaces, les états anxieux apparaissent plus fréquemment.

Ces conclusions nous amènent également à une explication théorique possible du blocage émotionnel et comportemental qui implique une quantité disproportionnée d’anxiété. Ainsi, au moment où l’anxiété atteint des niveaux excessivement élevés, la saturation des voies de communication nerveuse se produit et le potentiel d’intelligence diminue fortement, provoquant une sensation de paralysie.

Comme nous l’avons vu, avoir un esprit très intelligent est, dans la plupart des cas, un élément souhaitable pour de nombreuses personnes. Mais les pièces ont toujours deux faces et, comme nous l’avons vu, un degré élevé d’intelligence peut entraîner des traits d’anxiété et des difficultés de contrôle émotionnel.

 

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ChMaille

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